MON HISTOIRE

 Juillet 1975: Je suis dans les Cévennes où je participe à l'encadrement d'un camp de vacances avec les enfants de Châteaurenard. La République me rappelle à son bon souvenir: je dois partir sous les drapeaux... N'ayant pas de passion particulière pour le maniement des armes, j'ai demandé à être Volontaire à l'Aide Technique avec une préférence pour la Nouvelle-Calédonie. La lettre que je viens de recevoir m'informe que je dois être à Paris courant septembre pour rejoindre... Djibouti! Après une rapide journée d'information, je prends l'avion un soir: il fait 5° à Paris et 30° à l'arrivée à 3h du matin à Djibouti: les pulls et l'anorak ne me seront pas d'une grande utilité. Avec mes camarades volontaires à l'aide technique, nous sommes convoqués dès le lendemain de notre arrivée au ministère de l'éducation. Le fonctionnaire chargé des affectations m'informe que je suis nommé à Mouddo... et n'a aucune idée de l'endroit où se trouve l'école: il me conseille de m'adresser à l'armée pour obtenir des renseignements. Le colonel qui m'a reçu connaissait Mouddo: il y était passé plusieurs fois au cours de manoeuvres; il était aussi surpris que moi d'apprendre qu'une école venait d'y être construite (sans doute pour des motifs électoraux). Il m'a donné de précieux conseils concernant l'équipement à prévoir et les précautions à prendre. Quelques jours plus tard, j'ai appris que la construction de l'école n'était pas terminée et que je devais rejoindre l'école de Tadjourah pour y enseigner jusqu'en décembre. Tadjourah ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables: c'était une ville endormie, assez sale et j'ai eu quelques difficultés avec les trente élèves que l'on m'a confiés. Je suis rentré en France pour régler des problèmes personnels pendant les vacances de Noël et, à mon retour, j'ai reçu mon affectation définitive. J'avais acheté une moto, une 175 Yamaha; c'était mon seul moyen de locomotion.

Sur la banquise de sel du Lac Assal (157m en dessous du niveau de la mer)

J'ai quitté Tadjourah pour rejoindre Mouddo un matin de janvier: une heure de piste pour atteindre Randa, une autre heure pour arriver au carrefour de la piste qui menait à Assa-Gueyla et enfin deux bonnes heures à travers des paysages de pierres brûlantes pour arriver à Dorra. Le chef de poste était sympathique et accueillant: il m'a hébergé et m'a proposé de m'accompagner le lendemain jusqu'à Mouddo. Je ne me souviens plus de son nom. Il avait un guépard, attaché par une chaîne à un cable, qui allait et venait dans la cour du poste militaire. Nous avons parcouru les trente kilomètres qui séparent Dorra de Mouddo en une heure. A l'arrivée, le paysage était saisissant: toute la plaine d'Andabba était inondée à la suite des fortes pluies de l'été. Au loin se détachait la silhouette du Moussa Ali et, à son pied, deux petits cubes blancs posés au milieu de nulle part: l'école et ce qui allait être ma maison.  

La piste d'atterissage de Dorra, à 25km de Mouddo

 Pendant quelques semaines, ça a été un peu difficile: pas d'eau, peu de nourriture, des relations difficiles avec des gens bien affables mais parlant uniquement Afar, les enfants qui arrivaient au compte-goutte... Petit à petit, les choses se sont mises en place: j'ai reçu quelques meubles et un frigo à pétrole, le matériel scolaire est arrivé. J'ai eu une vingtaine d'élèves, tous des garçons, qui arrivaient à pied le lundi matin des campements voisins, souvent après plusieurs heures de marche. Je faisais classe le matin (il faisait trop chaud l'après-midi) et, le soir, nous jouions au foot avec un ballon fait d'un amas de chiffons dans la plaine d'Andabba.

Les enfants de l'école préparent le repas sur la plage de Sagalou

Vaste débat que de juger de l'utilité d'avoir nommé un jeune Européen dans cet endroit: ma présence était-elle justifiée? Ai-je fait du bien à ces enfants en mettant sous leurs yeux mon mode vie occidental; avec mon luxe relatif, mon goupe électrogène, ma radio, ma "babour" (voiture) à deux roues? Je n'en suis pas convaincu... Seul un voyage sur place, ou tout au moins un contact avec les habitants actuels, s'ils se souviennent de mon passage, pourrait me le dire... 

 

Un grand merci à tous ceux qui sont venus me voir à Mouddo, aux copains qui m'ont soutenu dans ma solitude, à Henri Perrier qui, jeune instituteur à Assa-Gueyla, a toujours été là dans les moments difficiles, au collègue de Dorra un peu mieux loti que moi, aux militaires qui sont bien les seuls à s'être inquiétés de ma situation. J'ai craqué au bout de douze mois: la solitude, l'absence de gens à qui parler, la famille et les amis (-ies) laissées en France me pesaient trop. J'ai demandé et obtenu un rapatriement sanitaire (j'étais prêt à mettre le feu à l'école!) en janvier 1977 qui a mis fin à cette cette expérience. Le désir de savoir ce qu'est devenue l'Ecole de Mouddo n'en est pas moins tenace. Si vous avez des informations, n'hésitez pas à m'écrire (adresse en page d'accueil). Merci d'avance! 

 

 

Dans les Monts Mabla, au nord de Tadjourah: fond d'oued et paysages désertiques

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