Des champs de lave, une
plaine où subsistent quelques arbres et, au loin, le Moussa
Ali. En ce mois de novembre, c'est la saison "fraîche":
il fait de 20 à 25° la nuit et de 30 à 35°
le jour. Je vous laisse imaginer les températures estivales...
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Peu
de temps après cette péripétie, je fus désigné pour aller créer
un nouveau poste à une quarantaine de kilomètres de Daddato , dans
la région d'Andaba.
Avec
une quarantaine d'hommes, quinze chameaux, armes et ravitaillement,
nous prîmes une piste en direction du Moussa Ali dont le sommet
pointu dominait l'horizon de ses deux mille mètres. Pendant deux
jours, nous marchâmes dans une région d'oueds desséchés, bordés
de falaises abruptes, du haut desquelles nous regardaient passer de
nombreuses troupes de singes, chacune conduite par son vétéran.
Puis, à perte de vue, s'étendit la plaine d'Andaba. C'est en
bordure de celle-ci, sur les premiers contreforts rocheux du Moussa
Ali, que nous décidâmes de créer notre poste. La mare d'Andaba,
sorte de cuvette d'une centaine de mètres carrés, avec des berges
de deux mètres de haut creusées à pic dans l'argile, s'étalait à
un kilomètre du poste. Seuls deux étroits passages, en pente douce,
permettaient d'atteindre le niveau de l'eau saumâtre qui servait à
notre ravitaillement et à celui de nos bêtes.
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Nous
devions entrer en liaison avec le poste anglais des « King African
Rifles », établi sur la route reliant Assab à l'Ethiopie, à
proximité du lac Hally, appelé aussi lac Goum. Nous décidâmes
d'assurer, chacun à tour de rôle, la patrouille de liaison, tous
les quinze jours, avec la moitié de notre effectif méhariste. Entre
deux patrouilles nous passions quelques jours ensemble, tous réunis
au poste. Cela nous permettait (aux hommes et à nous-mêmes) de nous
retrouver. Nous en profitions pour organiser quelques bonnes parties
de chasse au mousqueton, français, et ponctuée de force gestes !
L'adjoint de Smith, essayait, tant bien que mal, d'apporter ses
lumières ! Tout cela, avec l'appui du whisky, de la bière et du
gin, se terminait fort tard dans la nuit. Je me souviens même qu'un
soir, après avoir porté un toast au roi, un à de Gaulle, et un à
Churchill, nous entonnâmes un étonnant « God save the King »
suivi d'une non moins étonnante « Marseillaise » !
Le
lieutenant Smith buvait le whisky aussi facilement que s'il se fût
agi d'une vulgaire limonade . Comme son adjoint et moi nous ne
pouvions le suivre sur ce terrain, nous avions néanmoins la
satisfaction de l'aider à regagner sa chambre ! Le lendemain matin,
propre comme un sou neuf, rasé de très près, toujours rouge comme
une écrevisse, notre bon lieutenant Smith présidait avec dignité
notre breakfast : porridge, œufs on bacon, thé des Indes... Pas un
mot de notre bringue de la veille ! Je trouvais cela étonnant et
déroutant. Les quatre jours que je passais au poste se déroulaient
de la même façon. Le matin du départ, un peloton de Kényans
alignés nous présentait les armes ; puis, le lieutenant Smith
venait me serrer la main et m'offrait une ou deux boîtes de
cigarettes anglaises. J'ai conservé de ces contacts un excellent
souvenir.
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Ainsi
s'écoulaient, dans un paysage calciné, sous une lumière
aveuglante, les journées au cours desquelles il n'était pas rare de
relever des températures allant de 35 à 40° degrés, à l'ombre !
Opérations de patrouilles, contrôles et vérifications occupaient
pleinement notre temps. Les quelques jours que nous passions au
poste, bien que très actifs, étaient pour nous une vraie détente.
Vers
le milieu de février 1942 nous quittâmes Andaba, abandonnant notre
cher poste de pierres sèches et nous revînmes au poste central de
Dadato. Pour le « Peloton Méhariste Français Libre », la campagne
d'Erythrée prenait fin et il était question de ramener nos hommes
en Somaliland britannique où devait leur être attribuée une autre
mission.
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La
carte de la région d'Andaba à
cette époque:
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